FITUR 2018 – la France, l’Allemagne et l’Angleterre sont absents… et ils ont raison

Du 17 au 21 janvier a lieu à Madrid le salon international du tourisme, FITUR 2018, qui accueille cette année, dans un contexte de développement du tourisme mondial, 165 pays et régions, en hausse par rapport à 2017. Tandis que l’Inde est le pays mis à l’honneur pour cette édition, la France, pour la 5e année consécutive, ne dispose pas de pavillon officiel. La fréquentation touristique espagnole en France devrait pourtant être à la hausse sur les 12 derniers mois. Explications.

Fitur c’est depuis 1980 la foire incontournable du tourisme mondial, organisée tous les ans dans le complexe d’expositions Ifema, à Madrid, considérée en 2007 par le quotidien économique Cinco Dias comme le 2e rdv mondial le plus important au monde. Onze ans après le profil du salon a pourtant nettement changé, même si les chiffres avancés par les organisateurs restent encourageants : ils étaient 170 pays recensés en 2007, ils sont désormais « 165 pays et régions » mis en avant. De 13.190 entreprises présentes en 2007, le salon est passé à « plus de 10.000 » en 2018. Même chose concernant les exposants, passés de 845 à 816. Un rendez-vous d’une taille plus que conséquente donc, qui surfe sur le boom qu’a connu le tourisme mondial en 2017, Espagne en tête, mais qui accuse notamment les changements d’habitude des consommateurs et des professionnels du secteur, dans leurs manières d’organiser et de promouvoir voyages et destinations.

A l’époque, la décision de se retirer du salon ne s’était pas faite sans remous

A l’instar de la France, absente de la manifestation depuis 5 ans désormais. Si plusieurs entreprises et structures françaises se sont déplacées à Madrid cette semaine (treize, exactement), elles l’ont fait à titre individuel et ne sont plus regroupées, comme c’était le cas auparavant, sous un même pavillon, aux couleurs de l’Hexagone.

A l’époque, la décision de se retirer du salon ne s’était pas faite sans remous. Elle est aujourd’hui passée dans les habitudes et ne surprend plus grand monde. « A la question ‘pourquoi la France n’est-elle pas sur le Fitur’, je réponds la même chose qu’il y a 5 ans », tranche Dominique Maulin, responsable d’Atout France en Espagne. « Nous disposons d’un bureau de 15 personnes qui travaillent à temps plein, toute l’année, avec les professionnels espagnols : nous connaissons presque tous les tour opérateurs et sommes en contact avec eux 365 jours par an ». La décision française semble en outre avoir fait école : cette année, ni l’Allemagne, ni l’Angleterre ne seront présentes sur FITUR, en dépit de la bonne santé du secteur, et du programme alléchant concocté par les organisateurs.

Cette année, ni l’Allemagne, ni l’Angleterre ne seront présentes sur FITUR

Il faut dire que les habitudes des consommateurs ont changé. « Comme le prouvent toutes les études, la majorité des gens qui voyagent préparent désormais leur séjour sur Internet, raison pour laquelle depuis de nombreuses années, Atout France a privilégié partout dans le monde, la numérisation et la communication vers les clients potentiels, via les canaux en ligne », précise Dominique Maulin. En Espagne, comme sur le reste du globe, les bureaux d’information ont fermé -à l’exception d’une permanence informative sur la destination Paris, toujours assurée à Madrid et Barcelone- et c’est le site www.france.fr, qui devrait encore être upgradé en ce mois de février, qui est devenu la vitrine privilégiée de la destination France. Quant aux professionnels, ils sont, on l’a vu, suivis de près sur le territoire. « On organise des workshops et on les envoie en France toute l’année », confirme la directrice d’Atout France Espagne. Mardi dernier, c’était ainsi la Région Nouvelle-Aquitaine qui était à l’honneur à la Résidence de France, avec certains acteurs tels que le Futuroscope, Lascaux IV ou La cité du vin, venus présenter leurs dernières innovations. Du 29 janvier au 1er février, c’est un Media tour, qui sera organisé à Madrid, Barcelone, Séville et Lisbonne. « Si des partenaires français nous l’avaient demandé, ou si les tour opérateurs nous avaient fait comprendre que notre absence de FITUR les dérangeait, nous aurions changé notre stratégie. Or cela n’a pas été le cas », analyse encore Dominique Maulin.

Les retombées économiques du salon sont évaluées à près de 260 millions d’euros

Pour FITUR, cette édition s’annonce avec une croissance de 8% par rapport à l’an dernier et 13% d’exposants internationaux en plus, tandis que les exposants espagnols sont eux aussi à la hausse, avec +3%, représentant 46% du total des stands. Le salon se veut pionnier dans le concept de « réalité virtuelle augmentée », qui devrait donc mettre en avant les applications dans ce domaine, ainsi que le développement de la 5G dans le pays. Cette édition accueille pour la première fois les destinations suivantes : Syrie, Sao Tomé-et-Principe, Bangladesh, Bosnie Herzegovine, tandis que les participations de l’Azerbaijan, de la Bielorrusie, de la Bolivie, de l’Equateur, de la Guinée Equatoriale, de la Letonie, de Maurice, de Puerto Rico et de l’Ukraine, se fera désormais sous pavillon national officiel… Autant de destinations dont les équipes sur place sont réduites ou inexistantes, et dont le cheminement inverse de celui choisi par la France, fait sens. C’est donc l’Inde, 5e pays en terme de représentation sur le salon, qui sera à l’honneur en 2018, s’inscrivant ainsi dans la dynamique du salon, qui s’appuie sur les nouvelles technologies. Quant à l’affluence, elle était de près de 245.000 visiteurs en 2017, dont plus de 135.000 professionnels, et elle devrait être à la hausse cette année. Les retombées économiques du salon sont évaluées à près de 260 millions d’euros.

Objectif : dépasser les 7 millions de visiteurs espagnols par an, en France

Le tourisme espagnol en France pour 2017, en l’attente des chiffres consolidés qui ne sortiront qu’en juin prochain, devrait tourner « autour de 6 millions de visiteurs, 6 millions et demi si tout va bien », avance Dominique Maulin. Ils étaient moins de 6 millions à visiter annuellement l’Hexagone pendant la crise et les chiffres remontent donc progressivement, avec pour objectif « de dépasser le cap des 7 millions prochainement ». « Nous sommes en France en train d’élargir nos cibles, en développant de nouveaux produits et en faisant évoluer notre offre, dans ses dimensions hôtelières, en privilégiant l’expérience, en transmettant l’image d’une destination plus festive, en accord avec les attentes des mileniums », explique la responsable de l’agence de développement touristique de la France en Espagne. « Le potentiel de développement est énorme », estime-t-elle. Un développement qui se fera sans les services de FITUR.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.