Leila Lamara : le guide touristique victime de l’absence d’une politique publique claire

Leila Lamara : « le guide touristique victime de l’absence d’une politique publique claire dans le secteur touristique « . (Lire l’article en arabe en bas de page)

La saison touristique est déjà lancé. Tous les secteurs liés à cette période ont hâte de sortir de la crise étouffante qu’ils connaissent depuis environ un an et demi, à commencer par la quarantaine dont le Royaume du Maroc a été témoin en mars 2020. Les guides touristiques font partie des groupes qui ont été durement touchés et ont beaucoup souffert pour sortir de cette pandémie qui a envahi le monde et appauvri les gens. Afin de sonder l’opinion de ce secteur sur leurs souffrances face à la pandémie, le site Web «www.lebouclage.com» a interviewé Mme Leila Lamara, guide touristique depuis les années 80, sur l’impact de la pandémie Coronavirus sur  le guide touristique.

Tout d’abord, l’activité touristique au Maroc est saisonnière, vous le savez, elle s’étend sur quelques semaines, ponctuées de périodes de hauts et de bas, pour tous les acteurs du secteur touristique : hôteliers, transporteurs, restaurateurs et guides a-t-elle déclaré. La profession de guide touristique est classée dans le domaine de l’informel, même si elle est réglementée par la loi, les guides sont soumis à divers types d’impôts : (patente, impôts sur revenus…) et pourtant elle n’est soumise à aucune réglementation ou contrôle. Les seules organismes qui encadrent l’activité des guides touristiques sont les associations régionales et les fédérations nationales. Jusqu’à cette année, les guides ne bénéficiaient pas de retraite, d’assurance ou de sécurité sociale, à l’exception d’une petite minorité qui était liée à certains voyagistes marocains, et cela suffit pour vous mettre dans la complexité du métier.

« Bien que le secteur du tourisme au Maroc, ajoute Mme Leila, diplômée de l’Institut supérieur du tourisme de Tanger, c’est un secteur très actif dans lequel des millions de personnes travaillent aussi bien de manière formelle qu’informelle : unités d’hébergement, toutes catégories confondues, depuis le transport aérien ou le vélo, ou la calèche. Les restaurants, qu’ils soient étoilés ou non, l’artisanat et j’en passe, c’est une chaîne qui vit au jour le jour. Nous opérons généralement pendant la haute saison pour éviter les pénuries de la basse saison ».

En revanche, Mme Leila Lamara, qui a débuté sa carrière de guide touristique professionnelle en 1984, raconte : « Lorsque l’épidémie a été annoncée, nous étions sur le point de démarrer la haute saison, mais malheureusement tout était paralysé, et tous les secteurs de la l’économie ont été touchés, mais pas autant que le tourisme qui un secteur le plus touché, en particulier les guides touristiques, qui ont dû arrêter de travailler, le pire était qu’il n’y avait pas de vision claire du retour au travail, au début on parlait de 3/4 mois plus tard puis 6/7, jusqu’à ce qu’on est arrivé à presque deux ans, sans aucune initiative pour essayer d’atténuer l’impact de l’épidémie, (beaucoup de gens ont contracté des emprunts auprès des banques. Aucune initiative n’a été prise pour aider les guides touristiques, au contraire les personnes travaillant dans le secteur ont été classées dans la liste des disparus) de nombreuses personnes n’ont pas tardé à régler leurs problèmes avec les banques en cédant leur propriété ».

« Les associations ont aidé leurs adhérents dans le cadre de la solidarité, mais je vous assure qu’il y a eu beaucoup de drames familiaux, divorce par exemple, enfants qui ont quitté les écoles privées pour aller dans les écoles publiques. C’est après 7 mois d’arrêt et exactement en mois de septembre 2020 qu’on a commencé parler d’une aide de 2000 dirhams ! Une nouvelle qui a été accueillie avec joie ». Mme Leila, la seule guide femme au nord du Maroc, notamment à Tanger, conclut son entretien avec le site «www.lebouclage.com» avec son affirmation habituelle et son optimisme que : « Le Maroc a un grand potentiel touristique, un beau pays qui offre vraiment toutes sortes de tourisme Culturel : les patrimoine judéo-marocain, architectural, archéologique et historique, le tourisme sportif, de loisir et de détente, des stations balnéaires à la montagne. À mon avis personnel et après plus de 37 ans d’expérience en tant que guide accompagnateur, s’il y avait eu une bonne stratégie de politique, aurait fait du Maroc un grand pays touristique. Nous sommes meilleurs que nos voisins qui chiffrent 40/60 millions de touristes par an. Nous devons prêter une oreille aux plaintes des touristes marocains et étrangers afin que nous puissions garantir des pourcentages importants ».

Concernant le tourisme à Tanger, Leila Lamara, la guide touristique, précise que l’activité touristique au Maroc varie d’une ville à l’autre. Il existe des villes de départs de circuits parcourant différentes régions et d’autres qui sont des villes de séjours ou de passage, ce qui conditionne l’activité du guide avec ces dernières. L’activité touristique à Tanger est liée au port pour les touristes qui viennent la visiter pour un jour à 90% mais vu que le port est fermé l’activité est toujours paralysée. Tanger et la région du Nord méritent un travail plus vigoureux de la part des professionnels, on peut, avec un minimum d’effort, attirer au moins 10% des touristes de la Costa del Sol sans aller plus loin.

www.lebouclage.com 

Propos recueillis par Samia Rofaj


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