Le Maroc est une porte d’entrée des pays latino-américains vers le monde arabe et vers l’Afrique, a affirmé mercredi à Rabat, l’ancien président de la République fédérative du Brésil et sénateur de l’Etat d’Alagoas, Fernando Collor de Molo.
S’exprimant à l’occasion d’une conférence organisée au siège de l’Académie du Royaume sous le thème « Les pays d’Amérique latine et la traversée de la mondialisation: de bons navigateurs ou des naufragés ? », en présence notamment du conseiller de SM le Roi, André Azoulay, M. Collor de Molo a expliqué que le Maroc partage un héritage culturel commun avec l’Amérique latine, outre ses relations commerciales denses avec l’Union européenne qui sont à même de faciliter l’accès pour les produits latino-américains à ce marché.
Le conférencier a ainsi plaidé pour un rapprochement entre le Maroc et les pays d’Amérique latine, notant que les relations avec le Royaume « revêtent une importance plus que spéciale, surtout depuis le règne de SM le Roi Mohammed VI ».
Par ailleurs, l’ancien président brésilien a fait observer que la mondialisation était porteur d’une grande vague d’opportunités, à condition d’y être préparé, faute de quoi elle se transformerait en un « tsunami dévastateur ».
En s’appuyant sur une mise en perspective socio-historique de l’Amérique latine des mouvements de libération du 19ème siècle à nos jours, M. de Molo a souligné que, malgré les nombreuses avancées sociales et le changement d’axe de l’agence économique, les gouvernements de gauche d’Amérique latine, arrivés au pouvoir au début des années 90, n’ont pas été capables de mener des réformes plus profondes dans les structures sociales, ce qui explique, en partie, les succès récents des mouvements de centre-droit dans la région.
« Il est encore tôt pour affirmer que nous sommes en train de vivre un nouveau virage à droite », a-t-il nuancé, notant que les citoyens latino-américains, et plus particulièrement les nouvelles générations, attendent davantage et deviennent très critiques vis-à-vis du pouvoir, notamment en ce qui concerne la corruption et l’absence de perspectives pour leur avenir.
M. de Molo a ainsi expliqué qu’à l’époque de la dite « industrie 4.0 », l’attention sera accordée aux grandes tendances de l’heure, telles les nanotechnologies, l’internet des objets, les algorithmes, l’intelligence artificielle, qui « détermineront les leaders de demain ».
« Il me semble impossible que l’Amérique latine s’insère avec succès sur la scène internationale sans chercher à se rapprocher davantage de l’Afrique », a-t-il souligné.
Sur un autre registre, M. de Molo a indiqué dans un point de presse à l’issue de cette conférence thématique que l’accord de libre échange qui est à l’étude entre le Maroc et le Marché commun du Sud (Mercosur) vise à insuffler une nouvelles dynamique aux relations entre les deux parties, tout en ouvrant une voie d’accès au Maroc au marché d’Amérique latine.
L’Académie du Royaume du Maroc a inauguré mercredi, son cycle de conférences dans le cadre de la thématique de la 45ème session de l’Académie qui sera consacrée à « L’Amérique latine, comme horizon de pensée », et ce, après avoir fait de « l’Afrique » le focus des réflexions et interventions, lors de la 43ème session.
De ce fait, l’Académie poursuit son exploration des grandes régions du monde, afin de créer des passerelles entre les intellectuels des deux bords et de favoriser les échanges et les apprentissages.
Les conférences préparatoires de cette 45ème session sont encadrées par des intellectuels de renom et par d’éminentes personnalités, tels M. Marcelino Orega Aguirre, président d’honneur de l’Académie Royale des Sciences Morales et Politiques d’Espagne, et M. Carlos Antonio Carraso, ambassadeur de Bolivie auprès de l’Unesco.