Les «Master Musicians of Jajouka» continuent de répandre leurs mélopées traditionnelles le long d’une tournée européenne qui s’est arrêtée au Danemark le week-end dernier.
Jajouka, c’est cette musique soufie, célèbre depuis que son destin a croisé celui du fondateur des Rolling Stones, Brian Jones vers la fin des années 60.
Samedi soir à Copenhague, un florilège de partitions de la musique millénaire des Jbalas de Jajouka a trouvé échos dans les oreilles danoises. Lors d’une soirée organisée par l’ONG Nasim, les sept Mâallems de Jajouka guidés par Bachir Attar ont émerveillé le public de leurs sonorités et la profondeur de leurs tons, alliant danse, transe et mystique.
«C’est notre quatrième visite à Copenhague, merci d’être venus si nombreux nous honorer de votre présence. Je ne vous parlerai pas des Jajouka, la musique saura mieux parler d’elle-même», a lancé le maestro à l’adresse de l’assistance. Entamés sur le ton d’une lointaine berceuse, les sons profonds et mélancoliques de la flûte entraînent l’oreille à de lointains paysages.
Fusion instrumentale
Jajouka est d’abord le nom d’une localité dans les montagnes du Rif, à 100 km environ au sud de Tanger. Enturbannés et drapés de leurs costumes traditionnels marocains faits de djellabas vertes et de babouches jaunes, les musiciens ont entamé le premier temps de leur valse par des modulations savamment orchestrées aux sons de quatre ghaitas qui, rythmées par une tambourine, donnent la réplique à deux plus grands tambours.
La fusion des hautbois, au départ lancinante, enveloppe la salle comme par enchantement au fur et à mesure que s’accélère le tempo et que s’amplifie la cadence des roulements pierreux des tambours : On reconnait nettement le rythme des Jbala, tout comme les hauteurs, les vapeurs et les reliefs du Rif marocain.
Puis, infiniment lentement, le rythme change de tempo et le ton monte pour donner lieu à des airs joyeux propres à un temps printanier où l’on peut aisément reconnaître le souffle d’une brise matinale caressant le tapis vert d’une prairie ou les branches d’un olivier millénaire de Jajouka.
Au troisième temps de sa soirée copenhagoise, l’assistance est gratifiée d’une chanson en darija sur fond du majestueux hajhouj, d’un violon, d’une tambourine, et de deux tambours. Les instruments utilisés par Jajouka sont un ensemble d’instrument à vent, à cordes et de percussion.