Les TIC au service du secteur agricole

Le secteur agricole occupe une place stratégique dans le développement de l’économie nationale. En chiffres, le secteur génère pour le Maroc 16,5% de PIB national, il se présente comme principal source de revenu pour 40% de la population à majorité rurale (soit plus de 80% de la population active).

Selon le Conseil Général du Développement Agricole (CGDA), le PIB Agricole atteint, en 2013, plus de 124 milliards de dirhams avec une augmentation de 21%et une valeur ajoutée de l’ordre de plus de 107 Millions de dirhams.

Compte tenu de l’importance de l’agriculture en tant que source vitale pour notre économie, le Ministère de l’agriculture a mis en place, en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV) qui a pour objectif de redynamiser le secteur agricole national. Ce projet  porte sur le développement de l’agriculture moderne (Pilier I) et l’accompagnement solidaire de la petite agriculture (Pilier II).

Les TIC vecteur de développement de secteur agricole

Le défi du Maroc est de réussir une meilleure récolte agricole, une récolte de qualité répondant aux exigences des consommateurs. Aujourd’hui les Nouvelles Technologies d’Informations et de Communication (TIC) s’impose à ce secteur comme  le bon moyen  d’atteindre cet objectif. Les TIC offrent donc de grandes opportunités innovantes pour transformer le secteur pour une agriculture moderne et de développer sa productivité. Or, quelles sont donc les stratégies à mettre en œuvre pour une meilleure introduction des TIC en agriculture ?

Agro IT Days : pour une intégration aux TIC

Pour sensibiliser les professionnels de l’importance des TIC comme facteur pour le développement agricole, le Ministère  de l’Agriculture a organisé en mois de novembre 2017 les travaux de la 1ère édition « Agro IT Days ». Cet événement placé sous le thème : «La transformation digitale, levier de développement de l’agriculture et l’agro-industrie» a eu comme objectif «  de débattre et de sensibiliser sur l’importance de l’importance de l’intégration de la transformation digitale dans le secteur agricole et les chaînes de production et de prendre connaissance des nouvelles perspectives dans ce domaine ». A travers ce chantier novateur, le ministère de l’agriculture appelle au recours aux TIC « dans la mise à niveau de l’ensemble des macro-processus du département, notamment pour la gestion des programmes et projets agricoles du PMV, l’accès à l’information multicanal à travers le portail internet, le centre d’information du ministère ». A cet égard, ces nouvelles technologies novatrices ont été employées dans d’élaboration du Registre National Agricole (RNA), de la carte de fertilité des sols et de Système National d’Identification et de Traçabilité Animale (SNIT).

Pour mieux booster notre agriculture, la communication sans fil (mobile, Smartphone), les objets connectés (internet), l’imagerie satellite, les drones pilotés à distance, sont des applications qui répondent aux besoins direct des agriculteurs. Il s’agit d’outils pour déterminer la météo, état des sols, qualité de lait, état sanitaire et végétale des récoltes, alimentation des vaches… autant de données permises grâce au BIG DATA, un outil pour une agriculture de précision. Selon le chercheur Chafik Kradi (INRA-Maroc) : « Mettre en place une démarche de veille technologique et informationnelle afin de suivre les évolutions de l’environnement technique et technologique, socio-économique et environnemental  est très souhaitable ».

Appel de la FAO

Depuis 2013, la FAO a lancé le guide de la plate-forme e-agriculture comme outil de la promotion et la vulgarisation agricole. Pour la FAO « les TIC possèdent un potentiel énorme pour améliorer l’accès des agriculteurs aux marchés et autrs services : la gestion des catastrophes, les pratiques de l’agriculture durable, améliorer la sécurité alimentaire et la traçabilité ». Depuis 2012, le Ministère de l’Agriculture a encourager les agriculteurs de faire  recours aux TIC pour une meilleure gestion des programmes et projets agricoles du PMV.

Le téléphone mobile

Le téléphone mobile, un outil qu’on peut trouver partout, que peut acquérir toutes les classes sociales (plus de 2/3 de la population a un accès au mobile), est devenu d’une grande importance dans notre vie quotidienne. Dans le secteur agricole, les mobiles peut  permettre d’envoyer et d’échanger des informations et des conseils en masse à travers SMS sur la situation agricole, sur les marchés, des contacts directs entre agriculteurs et clients (les acheteurs). Ainsi, le mobile répond donc aux besoins des producteurs à travers des SMS qui leur assurent des informations fiables, directes.

Face au grand déficit d’agents de vulgarisation, le téléphone mobile, nouvelle technologie, peut servir comme moyen efficace de vulgarisation agricole, un outil pour avertir sur les différentes maladies qui  menacent les récoltes.

Des solutions techniques et technologiques

  • Le système d’information « Asraar » :

« Asraar » est une plate-forme lancée par le Ministère le 30 septembre 2011 est « conçu pour rendre le marché plus transparent, et améliorer ainsi les anticipations, les arbitrages et la prise de décision par les acteurs économiques ». Ce système d’information sur les prix des produits agricoles du Ministère de l’Agriculture, basé sur les TIC, consiste en la collecte, la transmission et la diffusion des données sur les prix.

Ce site web dynamique permettant l’affichage des prix quotidiens , l’historique des prix, les analyses des différents marchés est une base de données basée sur « une application mobile embarquée sur des téléphones pour la collecte et la transmission des données via le réseau 3G ou GPRS ». Grâce à cette application numérique, les producteurs peuvent éviter les intermédiaires et de vendre directement à leurs clients.

  • La Direction de la Stratégie et des Statistiques (DSS)

Cette direction est entité publique relevant du M de l’A a pour mission  la collecte, la consolidation et la diffusion des Statistiques Agricoles. La DSS assure aux agriculteurs  toutes les informations sur le secteur agricole.

  • Le Registre National Agricole

Crée en 2016 par le Ministère de l’Agriculture, le RNA est un registre basé sur le recensement général des agriculteurs et de leurs exploitations géo-localisées. Ce registre reste un outil d’analyse qui « permet le pilotage et l’évaluation des politiques publiques agricoles… un accélérateur pour la modernisation de la petite et moyenne agriculture ».

  • Le Centre d’information

A l’occasion de la 8ème édition du SIAM (2013), le Ministère de l’Agriculture a lancé le Centre d’Information, un outil de proximité crée pour être à l’écoute des agriculteurs et les professionnels de secteur. Il leur permet des informations relatives au secteur pour des prises de décisions au bon moment.

  • L’ONSSA : pour une alimentation saine

Crée en 2009 selon la loi N° 25-08, l’Office National de Sécurité Sanitaire Alimentaire « constitue l’un des principaux outils de mise en œuvre du PMV », Aziz Akhnouch, ministre de l’Agriculture. La plate-forme de l’Office présente des informations sur la santé animale, végétale, des contrôles des plans et semences et des produits alimentaires.

L’Association Agrotechnologies Souss Massa

L’agriculture reste le principal levier économique de la Région Souss Massa dont les ressources en sol est de 228.500 ha de SAU. Pour accompagner le développement de secteur, le CRSM a crée en 2006 l’Agrotech, une association qui pour objectif de « regrouper les intervenants publics et privés dans le développent agricole en vue de renforcer initiatives et synergies pouvant créer l’innovation valorisante pour le secteur ».

Selon M. Thami Benhalima, Directeur de l’Agrotech : « l’association est une entité basée sur un mode de fonctionnement par réseau, internet et téléphone (SMS) qi sert à démontrer l’importance des données climatiques pour le pilotage de l’irrigation en vue d’une économie d’eau (RSM) ».

Depuis sa création, l’Agrotech transmis chaque année 140.000 SMS aux agriculteurs consultables sur le Site Web. De ce point, environ 40.000 ha bénéficient directement de ces services ce qui a permis l’économie de près de 46 millions de m3/an.

Le Centre Royal de télédétection spatiale

Le CRTS est crée en 1989 pour l’exploitation et le développement des applications de détection. Le Centre  favorise au secteur agricole une imagerie satellite en tant que technique d’observation de la Terre est des Systèmes d’Information Géographique (SIG). Ce système aide à collecter des informations et des données, les analyser au temps réel. Il s’agit entre autre l’élaboration de carte d’occupation des sols, l’impact climatique, sécheresse et inondations, sur les plans, un suivi global sur l’état des cultures… Le Centre est une entité qui œuvre pour « une agriculture de précision » basée sur de nouvelles technologies.

Maroc Météo

La météo joue un rôle majeur de performance pour les cultures. Pour les producteurs, l’agro- météorologie leur offre une meilleure assistance adaptée au secteur : « pour mieux maitriser les coûts et d’accroitre l’efficacité ». A travers son mobile ou son outil d’informatique, un agriculteur peut suivre les dernières informations diffusées par les prévisions météorologiques : précipitations, vent, température. Ces informations lui permettent donc de meilleures interventions pour éviter de tels risques, de prévoir une irrigation adéquate selon les températures.

Les Drone, pour une agriculture de précision

Le drone est une technologie de pointe qui permet des informations d’une haute précision relatives aux prélèvements ou des observations de terrain. Ce système de détection aide les producteurs  d’observer des indicateurs agronomiques de qualité pour chaque mètre carré.

Le drone permet donc d’obtenir des images d’une grande précision des champs de cultures de grande superficie (des centaines d’hectares) en un sol vol avec une  résolution plus supérieure de celle de l’imagerie satellite.

Depuis 2016, « AIRINOV » leader européen en agriculture a mis à la disposition des producteurs marocains toute son expertise agronomique « pour permettre aux agriculteurs de bénéficier d’une optimisation de leur activité… à travers des services innovants : le conseil en fertilisation azotée, la fourniture d’indices basiques ».

L’implication des jeunes agro-entrepreneurs

Aujourd’hui les jeunes s’intéressent de plus en plus au secteur agricole à deux niveaux : des jeunes exploitants et des ingénieurs informaticiens qui œuvrent à mettre en place des logiciels en rapport avec le secteur. Ces agro-entrepreneurs qui ont une grande connaissance des besoins des agriculteurs apportent leur connaissance et savoir-faire pour une technologie émergente.

En parcourant certaines  plates-formes, ces jeunes présentent d’une façon régulière l’analyse des données et des solutions adéquates mises à la disposition de leurs clients, les agriculteurs.

Contraintes et obstacles

Cependant plusieurs barrières et contraintes limitent  cette intégration aux TIC dans le secteur agricole. En premier lieu le taux d’analphabétisme très élevé parmi les petits agriculteurs freine l’accès aux TIC, une situation qui limite tout développement et modernisation de « la petite agriculture » ou « l’agriculture familiale ». De même, l’insuffisance de la connexion au réseau internet, est un autre handicap qui entrave l’amélioration de la productivité agricole. Pour M. Ahmed B., jeune exploitant à Inchaden, Chtouka, « l’analphabétisme, le manque de formation et des rencontres de sensibilisation, le faible revenu des agriculteurs entravent la capacité de ces agriculteurs de s’intégrer aux nouvelles technologies. C’est pourquoi le gouvernement est appelé à mettre en place une stratégie de communication et un produit de financement souple adapté aux agricultures, surtout ceux de la petite agriculture ».

Or, une volonté politique s’impose donc pour développer une stratégie facilitant l’intégration de l’ensemble des agriculteurs, surtout les petits exploitants, aux TIC en tant qu’opportunité pour moderniser et booster notre agriculture.

Halimi Abdallah

 

 

 

 

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