La Russie face aux considérables défis du Mondial-2018

Les moyens engagés sont impressionnants mais les défis restent considérables : la Russie se prépare à accueillir le Mondial-2018 dont le tirage au sort aura lieu vendredi au Kremlin.

Pour les supporters du monde entier, la cérémonie déterminera les adversaires de leur équipe préférée au premier tour de la compétition remportée en 2014 par l’Allemagne.
Pour la Russie de Vladimir Poutine, elle marque le début d’un sprint final de moins de 200 jours pour surmonter des obstacles de taille: logistique herculéenne dans le plus grand pays du monde, lutte contre le hooliganisme et le racisme, menace terroriste renforcée par l’intervention militaire russe en Syrie….

Quatre ans après les dérives budgétaires des JO de Sotchi, le pays a mis le paquet avec 11,5 milliards de dollars (environ 9,6 millions d’euros) consacrés à des stades flambants neufs et des infrastructures hôtelières — au risque de construire nombre « d’éléphants blancs ».

– ‘Fights’ et cris de singes –

La sécurité est un aspect tout aussi important dans un pays rongé par le hooliganisme. Les autorités russes, qui veulent éviter à tout prix les scènes surréalistes de combats ultra-violents vues à Marseille en marge d’Angleterre-Russie lors du dernier Euro en France, ont mis en place plusieurs mesures.

Outre la promulgation d’une loi prévoyant l’interdiction d’entrée en Russie aux hooligans étrangers et le placement sur « liste noire » de certains leaders de groupes violents, un « passeport du supporter » (ou Fan-ID) sera mis en place pour vérifier le profil de chaque spectateur désirant assister à un match du Mondial.

Les instances dirigeantes du football russe vont devoir également gérer le problème endémique du racisme dans les enceintes sportives, dont ont été victimes plusieurs joueurs étrangers évoluant dans le pays.

Le Brésilien Hulk avait confié avoir entendu des cris de singe « à presque chaque match » lors de son passage au Zenit Saint-Pétersbourg (2012-2016), tandis que le retraité ivoirien Yaya Touré a estimé que « si des situations de racisme se produisent en Russie, cela va être un gros gâchis ».

Le patron du foot mondial, Gianni Infantino, a prévenu que la Fifa se montrera « extrêmement ferme » en cas d’actes discriminatoires ou racistes. Pour la première fois en Coupe du monde, l’arbitre aura même la possibilité « d’interrompre la rencontre voire d’y mettre fin » en cas d’incidents de ce genre.

Les organisateurs cherchent à rassurer en répétant qu’aucun incident raciste n’avait été enregistré lors de la Coupe des Confédérations, répétition générale du Mondial organisée en juin.

– Crainte d’attentats et de fiasco sportif –

Touchée par plusieurs attentats au cours des derniers mois et ciblée par les jihadistes pour son engagement en Syrie, la Russie se prépare aussi des mesures drastiques face à la menace terroriste.

Un attentat à la bombe dans le métro de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) a fait seize morts en avril 2017, tandis que sept personnes ont été blessées dans une attaque au couteau revendiquée par l’organisation Etat islamique à Sourgout (Sibérie) en août. Quelques mois avant les JO d’hiver de Sotchi en 2014, des attentats à la bombe avaient fait 34 morts à Volgograd (sud).

Des caméras de surveillance « continueront à être installées » selon le maire de cette ville-hôte située dans le sud de la Russie, tandis que des chiens renifleurs d’explosifs ont déjà été déployés dans chaque bus et train.

Pour terminer ce panorama, les Russes ont une mince confiance dans les chances de succès de leur sélection. Depuis la demi-finale de l’Euro-2008, les coéquipiers d’Igor Akinfeev ont en effet enchaîné les déconvenues.

Il y a du mieux au sein de la « Sbornaïa » depuis le début de l’année mais mais le sélectionneur Stanislav Cherchesov a reconnu, dans une interview au site Championat.com, que la mission sera compliquée. « Il y a des équipes qui semblent moins fortes mais est-ce une garantie de sortir des groupes? », a-t-il prévenu.

L’objectif annoncé est d’atteindre les quarts de finale mais le chef de l’Etat voit plus grand. « Bien sûr, j’espère que notre équipe nationale gagnera. J’ai vraiment hâte d’y être », avait déclaré M. Poutine au moment de l’attribution du Mondial.

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